J'ai entendu parler pour la première fois de
Metal Urbain lorsque j'ai vu leur premier single en facing dans un magasin de disques parisien alors que je n'étais, en 1977, qu'un jeune baroudeur hippie. Je n'avais plus de place dans mon sac et n'ai pas pu l'acheter. Mais je me suis demandé comment ça pouvait sonner … Quand je suis retourné chez moi dans le Colorado, j'ai appris que ce même single de
Metal Urbain avait fait son chemin jusqu'en Amérique et que mon ami John Greenway (qui plus tard co-écrit "California Über Alles") en avait déjà un exemplaire. John était celui de mes amis qui avait les gouts les moins rock et les plus étranges et je me suis dit que je devais écouter ce groupe immédiatement.
Panik sur la face A était du punk, mais comme aucun groupe punk que nous avions entendu précédemment. J'ai aimé le synthé hurlant et les paroles énervées en français. Je ne pouvais comprendre le français mais ceci détruit complètement l'idée que le français ne pouvait coller au rock. Le français était maintenant une arme punk ardente. Mais le vrai choc vint de la face B, "Lady Coca Cola". Ce n'était pas tellement du punk, plutôt une pure attaque sonore. Peut être un peu de Heldon/R. Pinhas, mais plus proche d'une percée de fraise de dentiste sortant en stéréo! Ces mecs n'étaient pas seulement différents, ils étaient fous! Je me demande ce qu'en pensent les fans de Jean Michel Jarre. A San Francisco, j'ai trouvé une courte interview dans le meilleur magazine punk "Search and Destroy". La traduction de "Panik" était plus politique, militante voire même effrayante que la plu part des groupes punk de 77. "Pourquoi tu chantes en français?" "Pour que les américains ne comprennent pas". J'ai aimé l'attitude aussi.
D'autres singles sortirent:
Paris Maquis,
Hystérie Connective, tous meilleurs que le précèdent.
Metal Urbain n'était pas seulement un groupe flirtant avec les limites du punk mais surtout un putain de groupe rock and roll. Affamé, nous attendions l'album, mais il ne vint jamais. Comme de nombreux pionniers du punk, le feu, l'émotion et les conflits ont divisé le groupe peu de temps après. D'autre prirent le relais et ont fait de la France le seul lieu avec une tradition de groupes utilisant les batteries électroniques et groupes de punk-électro. Selon moi,
Charles de Goal,
Kas Product,
Ludwig Von 88, et
Berurier Noir, et même en Amérique
Big Black doivent leur existence à
Metal Urbain.
Imaginez donc ma surprise lorsque 25 ans plus tard je vois une affiche annonçant
Metal Urbain jouant dans un petit club de San Francisco appelé le Hemlock. Je suis allé au concert, m'attendant à voir un jeune groupe de pop indé qui avait volé leur nom. Et bien non, ils étaient bien là. Même à ce moment leur musique produisit la confusion au sein du public. V. Vale de "Search and Destroy" était là aussi. Nous sommes allés leur faire un "salut" amical pour leur faire comprendre que certaines personnes ici se souvenaient d'eux. Ils retournèrent ensuite au festival South by Southwest à Austin au Texas, avec de superbes nouvelles chansons et un nouveau venu au synthé qui semblait avoir allumé un feu ardent au sein du groupe.
Metal Urbain n'a rien à voir avec la nostalgie, c'est un groupe du futur à nouveau. Je suis surpris et honoré qu'ils m'aient demandé de produire leur nouvel album.
Metal Urbain a été mon mentor, et non l'inverse. Je savais que nous allions avoir besoin de Matt Kelley derrière la table car il maîtrise le son et a excellé dans la production de la musique électronique et des sons hip hop via son travail avec
The Coup,
Hieroglyphics,
Digital Underground et
George Clinton. Les nouvelles chansons sont fantastiques : rien est à jeter et tout autant, voir même meilleur, que les chansons des années 70. Nous nous sommes tous mis d'accord pour que cela ne sonne pas comme leurs vieilles productions. Les temps ont changé, la technologie a évolué et cette musique importe maintenant. Je pense qu'il y a du bon pour les fans de différents horizons musicaux : des vieilles compos de
Metal Urbain à
Turbonegro ou
Ministry. Des
Berurier Noir à
Atari Teenage Riot. La musique, les sons et l'amitié existant avec ce groupe ont tous été une grande expérience pour moi.
Jello BiafraPar Sebastien -
Voir aussi : Adicts,
Big Black,
Deadline,
Exploited,
Adam West